Après des années de dépendance quasi totale aux importations asiatiques, la France prépare activement son retour dans la production de panneaux solaires. Face à la domination chinoise — qui représente près de 80 % du marché mondial —, plusieurs projets d’usines photovoltaïques d’envergure voient enfin le jour dans l’Hexagone.
Cette réindustrialisation, indispensable à la souveraineté énergétique, répond à un double enjeu : sécuriser les approvisionnements et relocaliser la valeur ajoutée.

Les nouvelles « gigafactories » – Holosolis, Carbon et Das Solar – marquent une étape décisive vers une production 100 % européenne. En parallèle, des acteurs comme Reden Solar et Heliup misent sur l’assemblage ou l’innovation produit.

La validation massive : les gigafactories passent à la phase opérationnelle

Holosolis (Hambach, Moselle) : la plus grande usine solaire d’Europe

Le projet Holosolis a obtenu en janvier 2025 son permis de construire et son autorisation environnementale — une étape clé pour cette future usine de 5 GW de capacité annuelle. Avec un investissement de plus de 850 millions d’euros, cette infrastructure produira près de 10 millions de panneaux solaires par an dès 2028. La mise en service est prévue pour mi-2027, et le chantier mobilisera des centaines d’emplois dans la région Grand Est. Malgré des défis logistiques (besoins en eau, financement complet à sécuriser), Holosolis symbolise le renouveau industriel français.

Carbon (Fos-sur-Mer) : un projet stratégique prêt à démarrer

Deuxième géant en lice, Carbon a reçu toutes ses autorisations administratives en avril 2025. Son usine, implantée sur 45 hectares près de Marseille, ambitionne elle aussi 5 GW de capacité à horizon 2028. Les travaux devraient débuter d’ici 2026, pour une première production fin 2027. Carbon se distingue par sa stratégie d’intégration complète : fabrication des lingots, wafers et cellules photovoltaïques — une étape cruciale pour réduire la dépendance aux importations.

L’acteur chinois Das Solar et la question politique

Das Solar (Mandeure, Doubs) : la première en construction

Das Solar, fabricant chinois de cellules de type N, a déjà entamé la construction de son site de 100 000 m² à Mandeure. L’usine, dotée d’un investissement initial de 109 millions d’euros, vise une capacité annuelle de 2 GW et jusqu’à 600 emplois directs. Le groupe projette également une usine de cellules photovoltaïques à Sochaux, représentant 650 millions d’euros et 2 500 emplois potentiels.

Le moratoire de juin 2025 : un signal d’alerte

Un amendement voté en juin 2025 prévoyait un moratoire sur les nouveaux projets photovoltaïques jusqu’en 2035, menaçant directement l’avenir du site de Mandeure. Bien que cette loi ait été rejetée quelques jours plus tard, l’épisode a semé le doute chez les investisseurs étrangers. Cet incident illustre la nécessité d’un cadre politique stable pour assurer la relocalisation de la filière solaire en France.

Les acteurs de niche : l’innovation au service du “made in France”

Reden Solar (Lot-et-Garonne) : l’assemblage local en plein essor

Le producteur Reden Solar a inauguré fin 2024 une nouvelle ligne d’assemblage à Roquefort (près d’Agen), portant sa capacité annuelle à 200 MW — soit près de 300 000 panneaux. L’entreprise privilégie les composants européens (jusqu’à 70 % d’origine locale) et prévoit d’étendre son site pour doubler sa production à terme.

Heliup (Isère) : la légèreté comme avantage compétitif

La start-up Heliup, installée au Cheylas, fabrique depuis 2025 des panneaux ultralégers (environ 7,5 kg), sans cadre, spécialement conçus pour les grandes toitures industrielles. Cette approche de niche illustre la capacité d’innovation de la filière française, qui mise sur la différenciation plutôt que sur la guerre des prix.

Souveraineté énergétique et défis à relever

La création de ces gigafactories répond à un impératif : reconquérir la souveraineté énergétique et réduire la dépendance à la Chine. L’objectif d’Holosolis à lui seul — compenser environ 8 % des importations européennes — témoigne de cette ambition. Mais les défis persistent : financement, coûts de production, approvisionnement en eau et stabilité réglementaire.
Pour que la filière tienne ses promesses, l’État et les investisseurs doivent continuer d’accompagner ces projets jusqu’à leur mise en service.

Une dynamique industrielle enfin lancée

Les usines françaises de panneaux solaires passent de la théorie à la réalité. Les chantiers de Carbon et Holosolis progressent, tandis que Das Solar construit déjà son site. Ces projets marquent le retour d’une filière solaire nationale capable de rivaliser avec l’Asie. Si les défis financiers et politiques demeurent, la France semble enfin prête à redevenir un acteur clé du photovoltaïque européen.

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