À l’automne 2025, le secteur photovoltaïque français va connaître un tournant réglementaire majeur.
Le guichet ouvert, qui permettait aux projets de 100 à 500 kWc de bénéficier automatiquement d’un tarif d’achat, tire sa révérence.
Place à un système plus sélectif et concurrentiel : l’appel d’offres simplifié (AOS).
Derrière cette réforme, le ministère de la Transition énergétique et la Commission de régulation de l’énergie (CRE) visent un double objectif : maîtriser les dépenses publiques et stimuler la compétitivité des projets solaires.
1. Pourquoi ce changement ?
Depuis plusieurs années, le guichet ouvert avait permis le développement d’un grand nombre d’installations photovoltaïques sur bâtiments, hangars ou ombrières.
Mais le dispositif montrait ses limites.
Sans concurrence directe, les coûts restaient hétérogènes et la dynamique budgétaire difficile à contenir.
Avec l’AOS, l’État introduit une logique d’appel à la performance. Les porteurs de projets devront désormais proposer un prix de vente compétitif pour espérer être retenus.
Cette mise en concurrence doit permettre d’optimiser les soutiens publics tout en maintenant un rythme soutenu de développement des énergies renouvelables.
2. Le fonctionnement du dispositif AOS
Le principe de l’appel d’offres simplifié est clair : les projets sont classés selon le prix proposé du MWh et les plus avantageux sont retenus.
- Installations concernées : entre 100 et 500 kWc, sur bâtiments, hangars agricoles ou ombrières de parking.
- Calendrier : première période de dépôt du 22 septembre au 2 octobre 2025.
- Volume appelé : 192 MWc pour cette première session.
- Prix plafond : 95 €/MWh.
Les candidats devront constituer un dossier complet, comprenant le bilan carbone du générateur (≤ 740 kg CO₂/kWc), une garantie financière et toutes les autorisations administratives nécessaires.
Les projets retenus signeront ensuite un contrat de complément de rémunération sur 20 ans avec l’État.
Autre nouveauté : le respect des délais de réalisation devient une condition essentielle.
Les lauréats disposeront de 34 mois maximum pour mettre leur installation en service, sous peine de pénalités.
3. Une nouvelle donne pour les porteurs de projets
Ce nouveau cadre impose une montée en compétence et une meilleure préparation des acteurs de la filière.
Les développeurs devront affiner leurs prévisions financières, ajuster leurs coûts de revient et anticiper les délais administratifs.
Le prix proposé devient désormais la clé du succès : trop élevé, le projet est écarté ; trop bas, il devient économiquement risqué.
Les entreprises les plus structurées, capables d’optimiser leurs chaînes d’approvisionnement et de sécuriser leurs autorisations, auront donc un avantage décisif.
Mais l’AOS est aussi une opportunité.
En incitant à l’efficacité, il favorise la professionnalisation du secteur et récompense les acteurs capables de livrer des projets robustes, bien dimensionnés et à faible empreinte carbone.
Il pourrait également encourager de nouvelles stratégies : mutualisation de projets, intégration de l’autoconsommation, ou encore recours à des solutions de stockage.
4. Perspectives et évolution du dispositif
Le lancement de l’AOS en 2025 n’est qu’une première étape.
La CRE prévoit déjà plusieurs périodes de dépôt par an et un suivi attentif des résultats : volume de candidatures, dispersion des prix, taux de réussite et respect des délais.
Les futures sessions pourraient intégrer de nouveaux critères, au-delà du seul prix : qualité environnementale, impact territorial, innovation technologique ou intégration architecturale.
Cette évolution traduirait la volonté d’orienter le développement du photovoltaïque vers plus de valeur ajoutée locale et de durabilité.
À terme, l’AOS pourrait devenir le modèle de référence pour les installations de taille moyenne, en complément des grands appels d’offres nationaux pour les centrales au sol et des dispositifs d’autoconsommation pour les petites toitures.
Le nouvel appel d’offres simplifié (AOS) marque une étape déterminante dans la stratégie solaire française.
Plus transparent, plus exigeant et plus compétitif, il met fin à la logique automatique du guichet ouvert pour instaurer un véritable marché de la performance.
Pour les acteurs du secteur, cette réforme impose rigueur et anticipation, mais elle ouvre aussi des perspectives de croissance durable.
Si la première session d’automne 2025 tient ses promesses, l’AOS pourrait bien devenir le moteur d’une nouvelle dynamique pour le photovoltaïque sur bâtiments en France.




